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caroline Renault centenaire
20 février 2009

voyage en Espagne

LES CENT ET UNE AVENTURES DE CAROLINE RENAULT  AUTO - BIOGRAPHIE

VOYAGE EN ESPAGNE

C’était décidé, on partait en vacances,à l’aventure, vers l’Espagne : il y avait Fanfan,la première future ex femme de Christian, et Nana, la mère de Christian ; ils m’avaient chargée comme un baudet  : la tente de camping, une vache à eau en toile, qui était accrochée sur le coté à mon support d’ arceau de capote,quelques outils,pompe,démonte -pneus,rustines,le minimum de bagages (facile à dire avec deux femmes !),une casserole, une poêle ,un réchaud,une cuillère,une fourchette, un couteau ,une assiette un verre,pour trois,afin de limiter le volume ; on emporta quand même deux brosses à dents,après négociation ,mais un seul dentifrice, un gant de toilette et une serviette,avec une demi savonnette et un petit miroir rond, qui servirait aussi de rétroviseur . Mon pneu arrière droit avait une belle fente ,et on voyait la chambre à air , ce qui faisait une petite hernie sur le coté ;

Christian fut bien obligé de faire quelque chose,car on n’irait pas loin comme ça : il mit de la dissolution, fit une couture avec du fil de fer ,égalisa à la sciure de caoutchouc et la dissolution ,tailla un emplâtre dans un morceau de pneu,en adoucit les bords au tranchet de cordonnier et au papier de verre,le glissa entre la chambre et le pneu ,remonta regonfla un peu ,puis un peu plus, puis à 3kg, minimum pour des pneus à talons : ça avait l’air de tenir ;on me fit les pleins partout,me graissa,il glissa son doigt dans mon petit trou  du pont arrière, me souffla de l’air marin dans les pneus, et hop, nous voila partis pour la grande aventure.

J’était un peu inquiète pour mon pneu, mais la réparation de fortune,(ou plutôt d’ infortune ) avait l’air de tenir ; Nana chantait,Françoise se blottissait contre Christian ;enfin se blottissait ,c’est une façon de parler,car à trois sur ma petite banquette,c’est pas évident, surtout que Nana était pourvue d’un très confortable fessier ; heureusement ,les deux autres avaient la fesse étroite de la jeunesse,et en disposant les trois fessiers en quinconce, ils tenaient à l’aise sans avoir de fourmis dans les jambes,heureusement car j’allais les avoir pendant longtemps sur la banquette .  On passa Rochefort sans encombre, on traversa  la Charente par le pont transbordeur du Martrou ou l’attente fut raisonnable, pour une fois,,puis le marais jusqu’à l’ Eguille,puis Royan jusqu’au bac ; je n’eus pas le mal de mer ,car la mer était très calme,mais , était ce l’émotion, je laissai sur le sol une belle tache brune sous mon moteur , et une seconde sous mon pont ; peut être avais je été trop gâtée par Christian avant le départ .

Au Verdon je pris la route des Landes, longue, toute droite et monotone, traversant des heures durant des forêts de pins sans interruption ; il faisait une chaleur à crever (zut,j’ai eu un mot malheureux), nous étions sur la route stratégique en béton construite par l’occupant Allemand,et mes passagers n’en pouvaient plus :on s’arrêta,ils traversèrent le cordon de dunes ,en ayant pris soin de me garer à l’ombre ; la plage étant totalement déserte,ils se déshabillèrent et prirent un bain dans les vagues de l’océan,complètement nus, non pour imiter la nouvelle mode des naturistes,mais pour ne pas avoir à faire sécher les maillots sur la route . Le rhabillage,et la retraversée du cordon dunaire leur fit perdre une partie du capital fraîcheur engrangé,mais moi, j’avais eu le temps  de refroidir un peu et reprendre mon souffle. Ça n’a pas duré très longtemps hélas ; première crevaison : Christian,tranquillement, met le cric sous mon pont, me soulève juste assez pour libérer ma roue arrière  droite,me glisse son démonte pneu (ça s’appelle un fusil ) entre ma gente et le talon de mon pneu,un, deux , trois fusils et libère ainsi la moitié extérieure de l’enveloppe, sort délicatement ma chambre et l’examine : un petit trou, à proximité de l’emplâtre ; grattage,dissolution, séchage, rustine, remontage, regonflage,dé-cric, rangement,manivelle et en route. J’ai bien roulé une heure sans encombre, Nana s’était remise à chanter,la chaleur et mes vibrations donnaient des idées aux jeunes tourtereaux qui auraient bien visité les sous bois si la Mamma  n’ était pas là,enfin tout ronronnait gentiment,.  BAAOOUMM !!! zig zag ! :éclatée !

Cric ,fusils,démontage de la chambre,le trou est trop gros , il faut changer la chambre ; c’est encore la même roue !

Christian vérifie et réajuste  l’emplâtre,remontage ,gonflage toujours à la pompe à main,enlever le cric et départ ;

D’où vient l’expression   « être pompé »? je crois savoir….:.je fais environ un kilomètre,  ,je recrève, ; mes passagers commencent à s’organiser pour la crevaison industrielle : Christian démonte et remonte,ils se relaient pour me gonfler,et , pendant qu’on roule,Fanfan gratte la chambre,enduit la plaie de dissolution, Nana pose les rustines et les presse ; ça y est,on a pris une cadence de croisière : environ une crevaison  ou éclatement tous les deux ou trois kilomètres ; le moral des troupes reste bon, on verra bien ;;en deux jours de voyage,je totaliserai trente quatre crevaisons et éclatements ; il va falloir envisager une solution :Christian trouve relativement facilement des chambres à air de motos dans les garages, mais aucun ne possède de pneumatiques à talons,qui ne se fabriquent plus depuis longtemps ;il faudrait trouver un casseur de voitures très conservateur,sûrement pas dans les Landes ,peut être à Bayonne, Biarritz ou St Jean de Luz,mais on en est encore loin !

Tout cela avait considérablement fait tomber ma moyenne,si on peut parler de moyenne,,et le temps avait passé,la nuit tombait et personne n’avait encore envisagé le point de chute pour la nuit ; maintenant ça urgeait, on n’y voyait à peine et je n’avais pas à l’époque de lumière,à part peut être les deux bougies de mes lanternes, qui s’éteignaient au moindre souffle de vent ; je m ‘engageai  dans le premier terrain vague au bord de la route ; pendant que les jeunes montaient la tente, la Mamma préparait un frugal repas à base de nouilles et tout le monde sombra vite dans un profond sommeil réparateur..

Vers six heures ,à l’aube,des cris et vociférations nous éveillent en sursaut : nous avions campé sur un terrain militaire,et on nous faisait décamper  manu militari car des manœuvres étaient en cours ; depuis la Marne, c’était mon premier contact  avec le tact de l’armée ; ce ne fut malheureusement pas le dernier .

La journée se passa à transpirer, rustiner ,gonfler ,regonfler, chercher un hypothétique pneu chez un improbable démolisseur de voitures ;on en avait vu plusieurs qui s’étaient plutôt foutus de nous, affirmant qu’il y avait longtemps que plus personne n’en avait, des pneus « à talons » !;déprimés, on arriva vers 18 h 45 chez un casseur de St Jean de Luz ;on était vendredi,le casseur allait fermer : -revenez lundi nous dit il ; Christian avait une mine si déconfite ,que le démolisseur bourru lui demanda ce qu’il cherchait  : un pneu à talons 710 x 90 ,en avez-vous ?.....le bonhomme réfléchit et dit : -je crois bien que oui, revenez lundi, on cherchera dans la pile   .   Christian ,plein d’espoir, insiste :  puis je regarder la pile, des fois que…..-Allez y , vous avez trois minutes, après je ferme ; Ah la pile !  c’était pas une pile, c’était une montagne de pneus de toutes catégories ;  autant rechercher une aiguille dans une botte de foin !  désespérant !   …..  ça,    la !  la ! oui la…là !; on tire dessus c’était bien ça, un 710 x 90, presque neuf ! Christian paie, les femmes embrassent le casseur, bougon ,.mais ravi .Il ferme sa boutique,et nous laisse sur le trottoir,avec notre pneu apparemment presque neuf .  Apparemment seulement, car resté des décennies dehors au soleil,il était dur comme de  la pierre ; Christian a mis plus de deux heures pour le monter sur ma roue ; l’ autre ,il l’a jeté sans état d’âme,il nous en avait fait trop voir ; ensuite ,on a trouvé un camping à proximité,monté la tente, gonflé (encore)le matelas,puis, a la lueur vacillante de mes bougies de lanternes,je les ai emmenés manger une pipérade dans un petit restaurant de la place Louis xiv près du port,avec quelques chipirons à l’encre et une bouteille de rosé ;c’est Nana qui régalait ;ils avaient bien arrosé le repas,et on entendait un petit hoquet de temps en temps ; on est rentrés tard au camping : pour ne pas déranger les autres campeurs,Christian,pensant qu’on avait assez d’élan,a coupé mon moteur pour finir en silence…………BAAOOUMMMM !, il n’avait pas laissé le doigt assez longtemps sur le bouton de mise à la masse, et j’ai fait une énorme explosion d’auto allumage ; ah ! ,pour le coup, tout le camp fut réveillé ; on est repartis le lendemain tout penauds,et le plus discrètement possible.

Nana, qui avait passé une partie de son enfance au pays basque,se souvenait de descentes et glissades avec un carton sous les fesses sur les pentes de la Rhune ; elle voulut absolument y retourner . on fit le plein d’eau au poste de douane en bas de la côte,et Christian remplit la vache à eau suspendue au coté ,tout en satisfaisant la curiosité des douaniers sur mon age,mes performances,

Ma consommation,en eau ,en essence ,en huile etc etc…….ils étaient tous au bord du poste quand nous avons entrepris l’ascension ; celle çi fut éprouvante pour moi ,et j’eus plusieurs fois mes vapeurs ; on me remettait un peu d’eau de la vache en toile et ça repartait ;arrivés en haut de la Rhune, nous étions en Espagne et il y avait plusieurs magasins hors douane et deux  cafés restaurants , ou ils se restaurèrent et se rafraîchirent abondamment,  à grands coups de « porto » servis dans des verres à demis , pendant que je reprenais mon souffle à l’ombre et rafraîchissais mes cylindres ;

Quand ils sont revenus ,ils avaient les bras chargés de bouteilles de contrebande de cigarettes et cigares,et me remirent au coté la vache en toile remplie, Nana imitait le bêlement du mouton à la perfection,Fanfan chantait des chansons de corps de garde ,ce qui n’était pas son genre,et Christian l’accompagnait avec conviction ; on est redescendus à fond la caisse et à tue -tète,dans la pénombre  puis carrément dans la nuit ; les deux femmes chantaient et riaient à gorge déployée, mais Christian commençait à se rendre compte que je n’avais pas suffisamment de freins pour une telle descente,quant à mon frein moteur,il était insignifiant, et Christian ne savait pas que ça existait ; nous dévalions la pente de plus en plus vite, sans visibilité ; heureusement,qu’il y a un dieu pour les innocents  et les buveurs ; arrivés on ne sait comment en bas, Christian alluma mes bougies,et nous repassâmes devant la douane ; ils étaient tous là, nous étions leur derniers clients ;ils ont regardé le moteur, le coffre,tout,sauf les plis de ma capote ni ma réserve d’eau, qui sentait le pastis à plein nez : mon chauffeur,déjà très éprouvé par la descente,était vert de peur, et son idée de la « lettre  ouverte » était désastreuse, la vache à eau transpirant le pastis par toutes ses fibres  .Les douaniers s’en étaient ils aperçus,toujours est il qu’ils ont fait durer le plaisir un maximum, et ont dû bien s’amuser à nos dépens .

Du coup, il n’y eut pas d’autre incursion en Espagne ce voyage là,et le reste des vacances fut consacré au pays basque Français et à l’itinéraire retour .

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