le bras cassé de Léon
LES CENT ET UNE AVENTURES DE CAROLINE RENAULT AUTO BIOGRAPHIE
LE BRAS CASSE DE LEON
J’aimais bien les copains d’école de Christian ;surtout ceux qui m’avaient soigné dans la cour des Arts Décos quand j’avais eu ma première panne avec Christian, ; parmi eux ,il y avait le méridional Guindollet, le géant Italien Mario Toselli , le grand Aucher,et le si serviable Alsacien Weidmann Léon ; un si gentil garçon ce Léon ; il habitait en banlieue nord-est,et il était arrivé que Christian et moi le ramenions chez lui tard le soir, à l’occasion d’une fête ou d’une « charrette »(gros travail d’école nécessitant des nuits blanches) ; il nous avait tant rendu de services,qu’on ne pouvait lui refuser cela !
Un jour, pour éviter à mon Christian la fatigue de me mettre en route à la manivelle, il s’empare de cette dernière et essaie de me mettre en route , à la volée : moi, je suis fidèle et prude ,et je n’aime pas du tout que quelqu’un d’autre me touche, fut ce le meilleur ami de mon Christian !
Je te lui ai foutu un de ces retours de manivelle ! je te dis pas ! ah ça, il en a vu trente six chandelles ! il a fait dix fois le tour de la voiture en se frottant le bras ! ah mais des fois !
J’étais contente de mon bon tour,mais je l’ai quand même ramené chez lui, pas rancunière pour sa familiarité un peu déplacée.
Le lendemain, Léon est revenu aux Arts Décos,mais son bras s’était enflé et il souffrait pas mal ; je n’étais déjà plus aussi fière de moi ; Christian m’obligea à les emmener à l’hôpital universitaire ,dans la cité universitaire,,ou après une attente somme toute raisonnable, l’interne de service examina Léon, diagnostiqua une foulure , et prescrit une pommade et des bains d’eau tiède prolongés ; puis on ramena Léon chez lui . Le surlendemain, le pauvre Léon revint à l’école des Arts Décos avec la main beaucoup plus enflée et il souffrait le martyre ,malgré les calmants .Là, il fallait faire quelque chose !
Christian interrogea tout le monde dans l’école et le quartier pour connaître l’adresse d’un rebouteux qui puisse résorber la foulure ;c’est finalement le bougnat du coin de l’école, à l’angle de la rue d’Ulm et de l’Estrapade,qui nous indiqua un rebouteux aveugle à Levallois ;j’étais trop contente de faire oublier ma méchanceté et les amenai dare dare chez cet aveugle rebouteux : il les reçut de suite ,tâta légèrement le poignet de Léon, et fut catégorique :il ne s’agit pas du tout d’une foulure , mais d’une cassure ! comment pouvait il être aussi sûr de lui, alors qu’aveugle, il ne pouvait voir le poignet ,et que celui çi était si enflé qu’il ne pouvait sentir les os au toucher, tant ils étaient entourés de chairs endolories et tuméfiées ! nous sentant incrédules,il nous précisa : il s’agit d’une fracture du » Poutocol » ; il n’est pas dans mes compétences et je n’ai pas le droit de m’occuper des fractures ; retournez à l’hôpital universitaire ,dites leur bien de quelle fracture il s’agit, et ils vous la soigneront moi je ne peux rien pour vous comment ? non, vous ne me devez rien, je ne vous ai pas guéri au revoir Messieurs, bonne chance .
Je les ramenai le plus vite possible à l’hôpital universitaire ,ou ils revirent le même interne, qui refit le même diagnostic :foulure ; devant l’insistance de Christian et de Léon, il accepta finalement de faire une radio, et là, tout penaud, accepta le diagnostic du rebouteux aveugle,en effet, il y a bien cassure, mais sans déplacement de l’os ; enfin Léon fut soigné, plâtré ,insensibilisé et soulagé ; rarement un plâtre fut autant décoré, chacun des élèves tenant à montrer son talent et son amitié pour Léon ; ce fut une grande œuvre d’art collective qui mériterait de figurer au Louvre à coté des sarcophages des Ramsès
Après ce coup là, plus jamais personne n’eut le droit de me tripoter la manivelle !