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caroline Renault centenaire
20 février 2009

mon moteur éclatte

LES CENT ET UNE AVENTURES DE CAROLINE RENAULT -AUTO -BIOGRAPHIE

MON MOTEUR ECLATTE

Mes soupapes ,malgré l’humidité , ne me faisaient plus souffrir,nous étions enfin arrivés au pays de la famille paternelle de Christian,à Peyrat le Château,près du lac de Vassivière ; ce dernier était terminé depuis peu,et Christian voulait faire visiter le pays à sa jeune nouvelle épouse ,Marie josée,et notamment lui faire faire le tour du nouveau lac,qu’il ne connaissait pas non plus.Au petit matin très brumeux, je n’étais pas chaude pour faire ce périple,et quand je ne suis pas chaude, je fais des caprices et me fais un peu prier ; il lui a bien fallu tourner cinq ou six fois ma manivelle pour que je me décide à partir .Ce ne fut pas une partie de plaisir ,car en plus du brouillard qui limitait la visibilité à dix mètres, la pluie se mit à tomber,fine et persistante pendant tout ce trajet qui n’en finissait plus, car ce lac ,qui parait sur la carte assez moyen, a un périmètre démesuré ;

Bien fait pour eux ; en plus ma capote,bien Française d’un artisan de Levallois,n’est pas irréprochable d’étanchéité, et laisse à intervalles réguliers, tomber une goutte d’eau sur le pied droit de mon chauffeur,juste entre la chaussure et la chaussette,juste à l’endroit que l’on ne peut bouger à cause de l’accélérateur ;  Bien sûr ,on n’a pas vu la cascade des Jarreaux, dont Christian avait un souvenir ému, car celle-ci avait quasiment disparu quand le lac avait pris la place de la rivière, et le pipi d’eau qui subsistait était un tantinet ridicule.

On rentra enfin à Peyrat ,chez des cousins éloignés, les Peyratout,qui louaient une chambre d’hôte ,juste en face du lavoir ou la grand-mère venait ,avec sa brouette,laver le linge familial ; d’ailleurs, c’est la que l’on me fit dormir, bercée par le petit gargouillis de l’eau de la fontaine de ce lavoir .Au petit matin,j’eus droit à une grande rasade de cette eau pure de tout calcaire, puis Christian me prépara pour une autre excursion ,vérifia mon huile,regarda mes pneus,ouvrit mon petit robinet ,d’essence, ouvrit le capot de mon moteur et le cala,puis titilla mon pointeau de carburateur jusqu’à ce que son doigt se mouille d’essence,puis il chercha à la manivelle mon point G, juste avant la compression de mon cylindre avant, et hop, d’un coup sec , tire sur la manivelle : PAAOOUMM,une énorme explosion,et un projectile part de mon cylindre comme un obus,fait une petite estafilade sur la tempe de Christian ,et vient s’encastrer dans mon capot ouvert ; une limaille s’était plantée dans son œil et lui faisait très mal.  Il s’agissait en fait du bouchon en bronze qui supporte la bougie ,dont le filetage ,usé par de multiples démontages depuis ma naissance,avait tout à coup lâché ; Christian eut quand même la gentillesse de me remettre au repos avant de s’enquérir d’une réparation de son œil auprès du pharmacien : ah mon pauvre Monsieur,si c’est une blessure à l’œil, il vous faut aller à l’hôpital à Limoges !

Limoges, cinquante kilomètres de route en lacets, jamais il ne pourrait me conduire dans son état ;  prendre un taxi,il n’y fallait pas penser, beaucoup trop cher pour sa bourse, et puis quelle aventure, quand reviendraient ils ?

Vous pouvez peut être essayer d’aller voir le médecin du village,il est assez débrouillard,il aura peut être une solution, s’il est là ?  Sitôt dit, sitôt fait ; il était la et s’occupa de Christian de suite : regarda à la loupe : c’est bien une limaille,mais je ne vois pas si c’est du fer (comme mon bloc moteur),ou du laiton (comme le bouchon porte bougie ) ; si c’est du fer, je peux peut être vous le retirer, si c’est du bronze, je ne pourrai pas ; -on essaie ? oh oui dit Christian !

Le toubib met deux gouttes d’un liquide dans l’œil,soulagement immédiat : ça devait être de la cocaïne ou similaire ; puis il prend un aimant et ,hop, enlève la limaille ; puis il lime un peu la surface de l’œil,l’aplanit, et prescrit un collyre pour désinfecter et cicatriser .Ah Christian l’aurait embrassé ! -quelle épine du pied il lui avait sorti ! enfin plutôt de l’œil . Maintenant les médecins vous envoient aux urgences pour le moindre bobo et vous y passez la journée entière,tellement c’est superbement organisé .

Réparé , Christian s’occupe maintenant de moi, et essaie de pallier au filetage effacé en enroulant du fil de laiton puis de plomb autour du bouchon, rien ne tient ; chacun y va de sa solution parmi les badauds, il y en a même un qui propose du chatterton ! et il insiste ! mais si ,du Téflon, c’est un nouveau produit qu’on utilise en plomberie, vous verrez ça doit marcher ; - excédé, Christian finit par enrouler le chatterton du bonhomme, persuadé que ça ne tiendrait pas trois secondes ; il me revisse mon bouchon , ferme mon capot , pour ne pas recommencer la même mésaventure, et me met en route …….ma foi ça a l’air de tenir ; un petit coup d’accélérateur, ça va toujours, un grand coup d’accélérateur , ça va toujours…..il me laisse tourner un grand moment , ça tient toujours ;  il n’ose pas y croire , et lève mon capot pour juger de la catastrophe ,  et bien non, pas de cata , le chatterton n’a pas fondu , il n’a pas bronché ! plus tard on saura ce qu’est le Téflon, mais à cette époque, c’était inconnu . Eh bien, ce fameux Téflon,il a duré plusieurs semaines, et parcouru pas mal de kilomètres ,avant d’être remplacé par un bouchon de bronze neuf

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caroline Renault centenaire
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