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caroline Renault centenaire
20 février 2009

les pannes du Président De Nève

LES CENT ET UNE AVENTURES DE CAROLINE RENAULT /: AUTO -BIOGRAPHIE

LES PANNES DU PRESIDENT DE NEVE

André de Nève , vieil hobereau un peu désargenté mais très féru de mécanique, et véritable encyclopédie de l'automobile, était le président du club des « teuf teufs » vénérable club qui regroupait tous ceux qui, par respect pour le génie humain, ne s'étaient pas résignés à détruire ou mettre à la casse les premiers véhicules automobiles, de  la Léon Bollée  à la De Dion Bouton,en passant par les Darrack ,Delaugère et Clayette ou autres ancêtres vénérables , mes anciennes.

  Malgré ma jeunesse à l'époque,( je n'avais alors  que la quarantaine,alors que la plus part étaient sexagénaires) ,on avait bien voulu ,exceptionnellement, m'accepter dans ce club, et j'en étais très fière : je passais de la catégorie tacot -guimbarde à celle de voiture de collection, ou presque.

  Quand même, les autres voitures du club me regardaient avec une certaine condescendance et me faisaient sentir mon coté populaire des premières voitures de série, et si mes sœurs  ne s'étaient pas glorifiées pendant la bataille de la marne, je n'aurais sans doute pas été  retenue .

  Les réunions de ce club se tenaient à la porte Champerret à l'époque grand fief de l'automobile avec Levallois ; Bien sur  j'amenais Christian à toutes ces réunions mais étais la seule ancienne à y venir, les autres se faisant remplacer par le métro ou des voitures modernes : Simcas, Tractions ou 203 .

La principale activité du club était de participer à des rétrospectives dans des fêtes de quartier ou de villes de la périphérie au milieu des majorettes , des « Gilles » avec leur grand chapeau à plumes d'autruche et leurs bosses au ventre et au dos,du char de la reine et la fanfare locale .

  On appelait ça « les bouffe -confettis », mais entre nous seulement ; ça s'accompagnait d'un repas dans un restaurant de la ville ou au pire, à la cantine des écoles;  en  contrepartie de nos efforts,les municipalités donnaient à nos pilotes une petite prime pour notre entretient, et pour ,bien sûr, enlever tous les confettis dont on avait étés soigneusement arrosés tout au long du trajet.

Quelquefois ,quelques unes d'entre nous étaient demandées pour figurer dans un film sur notre époque, et ça, c'était très lucratif et peu fatiguant ; un membre du club,Gaillard, plombier de son état,avait plusieurs voitures et s'était spécialisé dans le cinéma, et en faisait profiter les autres .

Il y avait bien sur aussi quelques rallyes mais très peu ,et avec peu de participants.

  Bien sur le Marquis De Nève , notre président, était de toutes ces sorties avec sa Clément Panhard , une drôle de machine haut sur pattes avec deux  places très aérées ,sans pare brise ni capote, mono cylindre,,qui faisait un petit bond à chacune de ses explosions ,qui avait sa peinture d'origine, sa mécanique d'origine, ses sièges d'origine,son moteur d'origine avec sa bougie d'origine, son refroidissement à eau d'origine , et surtout , ses durits d'origine . Mais souvent, très souvent, ces éléments d'origine étaient à l' origine de pannes : on changeait la vieille bougie d'origine pour une plus vieille bougie d'origine, on soufflait dans les gicleurs d'origine,on réglait l'allumage d'origine ,bien sur avec des outils d'origine ,mais très usés ; étant le plus récent du club, Christian  se sentait obligé d'accompagner le président et de lui porter aide; à chaque fois on était doublés par une ou deux collègues, en fin de journée on se retrouvait à la queue et même parfois loin derrière

Ah , le bouquet, c'était son durit d'origine : il faisait  liaison entre le réservoir d'eau et la pompe à eau, et était composé de trois morceaux, d'origine bien sur,et emmanchée l'un dans l'autre,avec un petit fil de fer pour les tenir l'un sur l'autre le tout bien enrobé d'une graisse épaisse et noire, qui ,sans cependant ètre tout à fait d'origine,s'était accumulée au cours des années et des décennies,et rendait les durits caoutchouc très glissants les uns sur les autres,ce qui fait que leur simple poids les désaccouplait les uns des autres ,l'eau du réservoir tombait par terre,et à nos ages on ne peut rouler sans eau sous peine de syncope . Alors Mr De Nève ré emboitait les durits d'origine, et Christian lui donnait  un peu de ma réserve d'eau pour remplir le réservoir par un orifice gros comme un petit doigt , ce qui prenait longtemps , et lorsqu'on avait fini, le durit d'origine se déboitait sous le poids de l'eau; De Nève ré emboitait, on re remplissait le réservoir,puis le durit se re dés emboitait et ainsi de suite ; Christian avait bien proposé timidement ,de remplacer les durits d'origine par un bout de tuyau d'arrosage de diamètre approprié , mais refus péremptoire du président qui tenait absolument à ses durits d'origine !    Encore un ou deux essais infructueux et le président décida d'aller chercher une dépanneuse .pendant ce temps  Christian nous garderait toutes deux, la très vieille Clément Panhard  et la moins vieille Renault EK . Le hasard fit qu'on était arrêtées devant un quincailler(il en existait beaucoup à cette époque); Christian traversa la rue et acheta un mètre de tuyau d'arrosage qu'il mit  à la place des trois morceaux de durit d'origine ,re remplit d'eau  le réservoir avec un arrosoir prêté par le quincailler , et emballa soigneusement les trois morceaux de durit  .

  Quand le Président revint avec sa dépanneuse, Christian lui expliqua qu'il avait effectué une réparation provisoire de fortune et qu'il avait conservé soigneusement les durits d'origine pour que le président puisse faire sa réparation définitive en atelier .

Le président De Nève, un peu vexé, se renfrogna dans son imperméable fripé d'origine, le même exactement que celui de Colombo ,le célèbre flic de série Américaine ,(on n'a jamais su lequel l'avait emprunté à l'autre ), et termina sans nouvelle panne la sortie « bouffe confettis ».

   On fit bien d'autres sorties bouffe confettis, mais à chaque fois comme par hasard,on ne se trouvait pas derrière la Clément Panhard  , peut être Christian s'était il lassé du purisme des pièces d'origine ?          Cependant il remarqua discrètement à chaque fois, que le tuyau d'arrosage était toujours là ; peut être un jour prendra t il le grade de tuyau d'origine

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